Dans le cadre d’une mission synergie, trois étudiantes en deuxième année du Magistère Journalisme et Communication des Organisations (MJCO) se rendent, tous les jeudis, au Tribunal de Grande Instance (TGI) d’Aix-en-Provence. Au programme : histoires poignantes, infractions au code de la route et délits violents, voire insolites.
Vols, (petits) trafics de stupéfiants, affaires familiales tragiques… Depuis fin janvier, Megan Arnaud, Marie Gendra et Jade Da Costa, étudiantes en deuxième année au MJCO traitent ce type de cas. Le TGI du Boulevard Carnot, à deux pas du lycée militaire, est devenu un lieu familier pour elles. À l’occasion d’une mission synergie, les trois jeunes femmes rédigent des articles sur les péripéties délictuelles de certains citoyens pour le compte de La Provence.
Toutes les trois voulaient absolument faire cette mission mais pour des raisons différentes. Jade, parallèlement trésorière du bureau des étudiants (BDE) du Magistère, met en avant son parcours juridique. Même si elle souhaite s’orienter vers les métiers de la communication « allier droit et journalisme, c’était trop tentant ». Sans oublier « un petit côté voyeur », déclare-t-elle, sourire en coin. Marie choisit cette voie grâce au cours de « chroniques judiciaires » proposé par Séverine Pardini, journaliste à La Provence. Venant d’une classe préparatoire de droit, son « appétence pour la justice » exacerbe sa décision.
Pour Megan, cette expérience est « vitale ». « Je suis fascinée par le monde judiciaire depuis toute petite », s’enthousiasme l’Aixoise de 24 ans. C’est un héritage familial. « Le mari de ma mère est avocat. Quand j’étais plus jeune, il rentrait le soir, posait sa robe sur la table du salon et racontait les affaires qui rythmaient son quotidien. », précise-t-elle. Pendant que les adolescents de son âge s’abreuvaient d’émissions de télé-réalités, Megan préférait disséquer les enquêtes morbides de Faites entrer l’accusé, célèbre émission relatant les plus grandes affaires criminelles françaises.
Des histoires insoutenables
Au palais de justice, des personnes jouent leur vie. Depuis qu’elles fréquentent régulièrement les arcanes du TGI d’Aix-en-Provence, les étudiantes traitent des affaires délicates. « Avec Marie, on a écrit sur un homme qui exerçait des violences, sous l’empire de l’alcool, envers sa mère sdf et héroïnoman à sa naissance », se rappelle Jade Da Costa. Megan Arnaud « a assisté au scandale d’un bébé éjecté d’une voiture et malheureusement décédé ».
Ces histoires terribles peuvent « émouvoir ou indigner mais il faut essayer de dissocier ce qu’on ressent en tant qu’être humain de ce qui va importer en tant qu’apprenti journaliste », souligne la pétillante Marie Gendra. La Nantaise d’origine déplore également un « système où chaque protagoniste fait son maximum à son échelle, avec une grande humanité, mais où les solutions ne sont souvent pas adaptées. » D’ailleurs, elle ne « souhaite pas travailler dans le journalisme judiciaire, en tout cas, pas à plein temps. » Marie estime, humblement, ne pas « avoir la force et les nerfs nécessaires ».
Même si le contexte ne s’y prête pas de prime abord, leurs virées au TGI est quelque fois propice à des moments plus légers. « Il y a parfois des choses à mourir de rire », certifie Megan. Chaperonnées par Séverine Pardini, dont les conseils en écriture sont précieux, mais bénéficiant d’une grande liberté et autonomie, le trio n’hésite pas à « trouver des situations ou des faits un peu insolites pour alléger des circonstances dramatiques. »
Azir SAID MOHAMED CHEIK