© Agathe Smondack Salvador
56,4 %, c’est le pourcentage de femmes exerçant la profession d’avocat relevé au 1er janvier 2019 en France contre 3% en 1960. Dans ce monde où elles sont de plus en plus nombreuses dans les professions juridiques, Sophie Caïs devient la première femme bâtonnier de l’ordre du Barreau de Toulon.
La première femme élue à la fonction de bâtonnier de l’ordre des avocats est Paule-René Pignet, en 1933 au Barreau de la Roche-sur-Yon. Trente-trois ans après que le métier a été rendu accessible au « deuxième sexe » en 1900. Le Barreau de Toulon qui célèbre cette année son bicentenaire, rompt avec la tradition des hommes bâtonniers et élit maitre Sophie Caïs. Ancienne élève de la faculté de droit d’Aix-en-Provence, elle avait honoré de sa présence le jury de la finale du concours d’éloquence Démosthène qui a eu lieu en février dernier sur le campus.
Son parcours commence par une bi maitrise en droit français et anglo-saxon à l’université Paris X Nanterre, puis un master de droit pénal et sciences criminologiques à la faculté de droit d’Aix-en-Provence. Elle prête serment à Paris le 1er avril 1998. Maître Caïs exerce la profession d’avocat depuis vingt-deux ans avant d’être élue à l’assemblée générale de l’ordre des avocats du Barreau de Toulon en juin 2021. Elle devient donc au 1er janvier 2022 la première femme bâtonnier de Toulon. Nous l’avons rencontrée à l’occasion de la journée internationale des Droits de la femme. « Je pense que cette journée est indispensable. Le combat pour l’égalité est loin d’être gagné. Il est très important qu’on rappelle régulièrement que les femmes doivent être traitées à égalité avec les hommes. »
Avez-vous eu l’impression que l’on n’ait pas souhaité votre réussite ou que vous aviez plus à prouver parce que vous êtes une femme ?
« Je n’ai jamais eu l’impression qu’on m’ait mis de bâtons dans les roues pour parvenir là où j’en suis. Je n’ai pas eu à prouver davantage ma légitimité parce que je suis une femme, j’ai été élue pour mes compétences. Sur les treize bâtonniers de la conférence régionale nous sommes trois femmes bâtonniers et plusieurs vice-bâtonniers ».
Votre vie professionnelle a-t-elle beaucoup changé depuis que vous êtes bâtonnier ?
« Tout change avec cette fonction. Le regard des confrères sur nous, ils te voient désormais comme leur bâtonnier et non comme un simple confrère. Quand on s’échange des textos j’ai l’habitude de signer par « bise » ou « je t’embrasse » et eux me répondent « je t’embrasse si tant est qu’on puisse embrasser son bâtonnier». Le regard des magistrats change également. La liberté de parole est plus grande, et elle est mieux acceptée par eux que si j’étais une avocate lambda. Être bâtonnier accroît immédiatement ta légitimité, dès l’élection ».
Ressentez-vous une certaine solidarité féminine au sein du métier d’avocat ?
« Au barreau de Toulon, il n’y a pas forcément une plus grande cohésion entre les femmes avocates, je pense que nous préférons les compétences. Mais je sais qu’à Marseille elles ont créé des groupes Facebook notamment. La solidarité féminine dépend des Barreaux. Mais il existe une solidarité dans le métier, entre avocats ».
Y-a t-il une avocate qui vous a particulièrement marqué pendant votre carrière ?
« Je pense qu’une des avocates qui m’a le plus marqué est maitre Sylvia Garcin. Cette toulonnaise est la première à avoir indiqué qu’elle était avocate et non avocat dans les années 70-80. Elle a été poursuivie pour ça. »