L’instant présent et la méditation de pleine conscience sont les maîtres mots de ce dossier. Afin de découvrir cette pratique mentale, j’ai recueilli les avis de professionnels, de mon entourage, assisté à une séance de méditation et je l'ai pratiqué seule au quotidien.
Pour Fabrice Midal, philosophe et écrivain, la méditation « c'est porter attention au moment présent ». Il préfère parler de « présence attentive » plutôt que de « pleine conscience ». D’après lui, « il faut différencier la méditation de la concentration. Quand je suis concentré, je ne médite pas. La méditation est une autre forme d'attention. Ce n'est pas un exercice, c'est un art de vivre », explique t-il au magazine Ça m'intéresse. Depuis le début des années 2000, la méditation connaît un véritable succès en Occident et plus précisément en France. Même si elle nous vient de la tradition bouddhiste, sa pratique est universelle. Tout le monde peut y arriver à certaines conditions. Réputée pour avoir des effets bénéfiques sur la santé, la méditation fait partie de ces pratiques dont les sciences cognitives ont étudié les bienfaits. Elle serait considérée comme un anti-douleur, un anti-stress ou encore une arme anti-vieillissement. Méditer consiste à regarder l’agitation qui se trouve en nous, à prendre le temps, à se reconnecter à la respiration pour se poser et avoir une vision plus claire. Le mental n’a pas l’habitude d’être concentré sur un seul objet en particulier. La méditation permet d’être ancré sur le moment présent et de revenir à une pensée neutre. En observant simplement ses pensées et sa respiration, la méditation permet d’être détendu et de se relaxer.
« Une méthode douce »
Autour de moi, je me suis rendue compte que cette pratique est plutôt répandue. Mathilde, étudiante de 23 ans à Aix-en-Provence, a découvert la médiation il y a cinq ans. « Une accumulation d’événements dans ma vie a fait que j’étais proche de la dépression. Ma psychologue m’a orienté vers la méditation parce que c’est une méthode douce qui permet de faire un travail sur soi-même de manière assez simple. Ça permet d’aller “discuter” avec son inconscient et de remettre les pendules à l’heure en quelques sortes ! ». Maxime, 24 ans a commencé la méditation à la suite de sa première crise d’angoisse. « Je me suis rendu compte que je pouvais m’apaiser et arrêter de trop penser grâce à ça. Aujourd’hui, je profite beaucoup plus de la vie. » Enfin, Emilie, étudiante dans l’édition, pratique la méditation occasionnellement. « Quand je recherche le calme j’écoute une méditation sur YouTube. J’aime particulièrement la faire le soir, cela m’aide à m’endormir. ».
Intriguée par cette pratique spirituelle qui promet tant de bien-être, j’ai décidé de poursuivre mon enquête avec l’avis de professionnels de santé et de me construire ma propre opinion sur le sujet.
Méditer, une pratique à recommander ?
La méditation ne remplace pas un traitement médical. En revanche, ses bienfaits sur la santé sont connus. Qu’en pense le corps médical ?
Le docteur Karine Simon, médecin généraliste à Lançon-de-Provence dans les Bouches-du-Rhône, estime que la méditation est une technique qui peut aider à soulager et apaiser le stress, si l'on sait s'y prendre.
« Je ne la recommande pas forcément à mes patients, je les oriente plutôt vers des séances de sophrologie ou de yoga. Je privilégie toujours de faire appel à des spécialistes formés. La méditation tout le monde peut en faire. » Elle explique que cette pratique ne remplacera jamais un traitement médical, mais confirme qu’elle peut être une bonne aide pour accompagner la guérison d’une maladie.
De son côté, le docteur généraliste Daniel Kamoun à Salon-de-Provence valide la pratique à 100%. « On aurait du mal à trouver un professionnel de santé qui dirait que méditer est mauvais. » Selon lui, la méditation est très positive. « Ça aide à réduire les soucis de nervosité et d’anxiété. J’encourage tout le monde à en faire sérieusement ».
Il confie qu’il a pu ressentir que certains de ses patients viennent moins souvent à son cabinet pour des petites maladies comme le rhume depuis qu’ils pratiquent la méditation. « Je pense que cela a un impact favorable sur la santé », termine-t-il.
La méditation, comme l’ostéopathie, aide à relâcher certaines tensions physiques ou émotionnelles.
L'ostéopathe Laurent Schoenzetter le confirme : « Elle peut être pratiquée en complémentarité d’une consultation. C’est un bon outil de gestion de la douleur. Ce qui est intéressant avec la méditation, c’est l’écoute du corps qu’elle permet. À force de faire des séances, on peut arriver à se reconnecter à son corps, mais comme pour le sport il faut de l’entrainement. »
Nathalie Férier, sophrologue, donne des séances de méditation aux employés de la mairie de Salon-de-Provence. « Pendant leur pause déjeuner, ceux qui le souhaitent peuvent venir faire une heure de méditation. C’est une heure où l’on favorise en petit groupe le relâchement. Ce qui est formidable, c'est que même avec une seule séance, on peut ressentir des effets, et l’on se sent bien pour le reste de la journée ! On peut reproduire ces séances chez soi, une fois que l’on a compris le schéma. Je leur donne les outils pour travailler correctement sur la respiration et la gestion du contrôle. » Elle reçoit de nombreux retours positifs après ses séances. « Les résultats sont impressionnants pour certains et cette « pause méditation » leur est devenue presque indispensable. Je recommande à tous de commencer avec 10 minutes de méditation guidée chaque jour » explique t-elle.
J'ai testé l'application petit bambou
Afin de faire ma propre expérience, j’ai testé la méditation de pleine conscience. Etant novice, j’ai suivi les programmes de méditation de Petit Bambou, une application téléchargée sur smartphone par plus de cinq millions de personnes. Pendant deux semaines, j’ai pris quelques minutes le soir pour écouter les séances de méditation. L’application propose quelques enregistrements de dix minutes environ. Je n’avais donc pas l’impression de perdre mon temps. Les premières séances ont été difficiles : mes pensées divaguaient constamment. Ma concentration se portait ailleurs, c’est normal. J’ai compris que méditer est un entrainement. La voix de l’enregistrement est là pour rappeler quand l’esprit divague afin qu’on en prenne conscience. L’exercice consiste à remarquer où vont ses pensées, et à se concentrer de nouveau sur notre respiration, l’objet premier de la méditation. Pratiquer permet peu à peu de stabiliser l’esprit. En tant que débutante, la méditation guidée était nécessaire. Il est encore difficile pour moi de me poser et de méditer seule. Ce qui est prometteur avec cette pratique, c’est qu’une fois qu’on la maîtrise, la méditation guidée n’est plus nécessaire et quelques minutes par jour suffisent. Il y avait des soirs où j’étais plus réceptive que d’autres. J’ai pu ressentir un réel état de lâcher prise lors d’une séance intitulée « vers plus de calme et de sérénité ». Cet audio de 13 minutes m’a fait vivre une sensation personnellement inconnue.
J’ai pu, pendant deux minutes, m’observer méditer. Très intense, cette méditation m’a amenée à un état de bien être profond. Puis soudain, le trop plein d’émotions et la fierté d’y parvenir m’ont malheureusement fait revenir à la réalité. Avec l’agitation et l’excitation ressenties, je me suis éloignée de ma respiration. À ce moment-là, j’ai pris conscience du pouvoir que peut avoir le simple fait de respirer. Je n’ai pas retrouvé cet état à chaque fois. Mais j’arrive désormais à apprécier ces exercices de respirations profondes. J’ai compris que la méditation est aussi un temps pour soi et pour se reconnecter à son corps et s’intérioriser.
À lire :
«La méditation consciente» de Chantal d’Avignon initie à la méditation avec des exercices pour apprendre à mieux gérer l’anxiété, le stress ou encore la colère. Très agréable à lire, il permet de mieux comprendre la méditation et ce qu’est l’instant présent.
«Le miracle de la pleine conscience», de Thich Nhat Hanh, est un guide spirituel de méditation. L’auteur est un ancien moine ayant ouvert son école de méditation au Vietnam. Il présente sa spiritualité fortement liée à l’ancrage du moment présent à travers son histoire. L’auteur aide ainsi le lecteur à prendre conscience de l’importance du présent.