Ce samedi, la population azuréenne a retrouvé les contraintes du premier confinement. Entre attestations de déplacement et sorties limitées à une heure, pas d’effets particuliers semblaient pourtant se dessiner.
Cannes n’avait pas l’air d’une ville tombée sous un confinement strict ce samedi. À 1O heures du matin, les habitants n’avaient pas hésité à braver les consignes du gouvernement. Malgré un temps maussade, à la limite de la pluie, chacun comptait bien profiter de son heure de sortie autorisée. Se balader au bord de mer ou aller boire un café au marché Forville, toutes et tous avaient leurs plans pour passer un week-end « normal ».
Au marché de la ville, maintenu, les maraîchers semblaient heureux de voir les consommateurs s’agglutiner devant les stands de fruits et légumes colorés. Même si le dispositif de sécurité sanitaire avait été renforcé, avec des barrières installées afin de filtrer les entrées et sorties, les échanges entre habitués de ce lieu s’éternisaient jusqu’à midi. Deux retraités discutaient debout, devant le café du coin, ne comprenant pas cette mesure spécifique à leur département. En arpentant les halles couvertes, on comprend aisément que les Cannois respectaient déjà les gestes barrières basiques (port du masque, gel hydroalcoolique, etc.). Ce jour-là, on observe que les citoyens faisaient preuve de civisme et de responsabilité, appliquant une distance de sécurité d’un mètre, parfois deux. Alors que Christian Estrosi avançait des restrictions assez strictes pour Nice, avec un effectif de police à cheval sur les contrôles, Cannes abordait une toute autre logique. Aussi surprenant que cela puisse paraitre, pas d’agents de police autour du marché, lieu public assez fréquenté les samedis et dimanches.
En fait, l’effort s’était surtout déployé sur les grands axes routiers. Un large dispositif avait pour mission de vérifier la bonne foi des automobilistes. La préfecture avait vu grand pour maintenir l’ordre sur les routes, avec une cinquantaine d’agents postés ce samedi sur le seul bassin cannois. D’ordinaire, ce sont 20 hommes et femmes qui patrouillent sur les routes entre Théoule-sur-Mer et Mandelieu-la-Napoule. Le message imposait une règle claire : pas de laxisme dans les déplacements intercommunaux. Ainsi, plus de 200 procès verbaux ont été dressés sur la seule journée de samedi au niveau départemental. Des chiffres qui montrent bien que la plupart des gens se conformaient aux demandes des autorités, non sans une certaine lassitude.
En continuant à marcher dans la ville des stars, on remarque que la rue d’Antibes, artère commerçante principale, s’était quant à elle totalement vidée. La plupart des enseignes avaient préféré fermer leurs portes pour ce week-end, malgré le maintien des soldes d’hiver jusqu’au 2 mars. Résultat : les pavés, habituellement noirs de monde, n’étaient foulés que par quelques agents d’entretien. À 200 mètres, la célèbre Croisette connaissait plus de succès. Beaucoup de promeneurs et de sportifs s’y croisaient, profitant de l’air marin et du calme de cette fin de mois de février. Allant de paire avec cette affluence inattendue, certaines baraques de plage étaient encore ouvertes, proposant cappuccinos, viennoiseries et autres petit-déjeuners. Un des gérants remerciait d’ailleurs le maire d’avoir permis l’ouverture de son commerce, devant lequel une petite queue commençait déjà à se former.
À Nice, le durcissement du confinement paraissait plus fort. Dans la préfecture du département, l’accès au bord de mer et à la fameuse promenade des Anglais avait été interdit dès vendredi 18 heures, avec un large dispositif de barrières et de rubalises. Dans le même temps, la préfecture avait mis en place une cellule d’appel pour le public voulant s’informer sur les modalités de ce confinement assez inédit. Outre Cannes et Nice, 61 autres communes tombaient en effet sous le coup du confinement partiel.
Ce week-end n’aura donc pas changé grand-chose aux habitudes des locaux, déjà formatés par le couvre-feu. Plus loin dans l’arrière-pays, même constat. La population a aussi gardé ses habitudes… et les mêmes craintes. Celles d’un nouveau confinement généralisé.
Hugo Messina