Si les start’up n’échappent pas aux conséquences de la crise économique, leur horizon ne semble pas si obscur. Certaines d’entre elles font preuve de créativité pour s’adapter à la situation et limiter les dégâts. L’expérience accumulée pour surmonter cette période délicate pourrait solidifier ces jeunes entreprises innovantes.
« On ne va pas mentir, ces annonces nous sont favorables ». Baptise Guez, co-fondateur de Kol, fait partie des rares personnes à accueillir le couvre-feu avec optimisme. Son entreprise, spécialisée dans la vente d’alcool à emporter en soirée, sera probablement très sollicitée ces prochains jours. Si bien que « l’embauche d’un livreur supplémentaire est envisagée ». A l’inverse, pour les start’up relevant de l’événementiel, les nouvelles restrictions annoncées par Emmanuel Macron ce jeudi 14 octobre transforment définitivement cette année 2020 en cauchemar. Cela fait maintenant sept mois que leur activité est quasiment inexistante.
La majorité des start’up se situe entre ces deux cas extrêmes. Elles ont repris leur activité malgré les contraintes qui leurs sont imposées. Bien entendu, elles se seraient bien passées de l’épisode Covid. Surtout quand l’entreprise se lance. C’est le cas de Jana Conciergerie, créée il y a moins d’un an et dont le but est de faciliter le travail des établissements hôteliers. Adrien Maltesse, un des cofondateurs, nous a confié qu’il « aurait préféré un autre contexte qu’une pandémie pour le démarrage ». Cette start’up aixoise a perdu tous ses clients pendant le confinement. Elle n’ en a récupéré que la moitié et « les négociations débutées avec d’autres établissements ont été abandonnées ». L’entreprise ne s’est pas pour autant démobilisée : « on a su tirer profit du temps accordé par le confinement ». Rapidement, une application (JanaBnB) a été conçue. Disponible depuis le 13 octobre, elle participe à l’augmentation de la notoriété de la start’up.
Comme Jana, beaucoup de ces nouvelles entreprises ont refusé de subir la situation. Faire preuve de créativité s’est avéré essentiel. Avec un nombre réduit de collaborateurs, le modèle de la start’up permet de se réinventer. Cela parait impossible pour une grande entreprise. Certaines d’entre elles ont tiré leur épingle du jeu en revoyant leur modèle, ou en se positionnant sur des secteurs économiques en pleine croissance (matériel médical, formation en ligne…). Celles qui réussissent le mieux leur mue pourront s’appuyer sur leur « covid story » ; en démontrant la réussite de leur adaptation à des circonstances exceptionnelles, attirer des investisseurs sera plus aisé.
Malgré tout, 5,7% des start’up prévoient d’arrêter leur activité en fin d’année. A court terme, l’adaptation semble efficace. Qu’en sera-t-il si l’incertitude pesant sur notre économie se prolonge durablement et que les investisseurs deviennent plus durs à convaincre ? Conscient de l’enjeu, l’Etat a dévoilé un plan de soutien de 3,7 milliards d’euros et se porte garant pour faciliter l’obtention de prêts. Cet accompagnement est plus que bienvenu pour les start’up, même si leur résilience demeure réelle.
Raphael HAZAN