Légendaire et controversée, Barbie renoue avec la réalité à travers trois nouveaux modèles aussi beaux que normaux.
Mattel, la marque la plus populaire de poupées, veut en finir avec les critiques! Déjà, en 1997, le groupe Aqua parodiait son égérie: « I’m a blond, bimbo girl, in a fantasy world ». Une critique visant cet objet stéréotypé. Plus tard, féministes et psychologues se sont attaqués à son physique illusoire. En effet, avec un corps pareil, Barbie serait vraiment mal en point si elle était humaine. Le site Buzzfeed a d’ailleurs participé à cette dénonciation en « barbifiant » des icônes actuelles reconnues comme des modèles de beauté. Le résultant est sans appel : horrifiant !
Themistoklis Apostolidis, professeur en psychologie sociale de la santé, rejoint ce constat: « Barbie a pris une place emblématique parmi les jouets mais elle véhicule une fausse image de la femme. Or, l’image du corps est très importante, surtout enfant, car c’est notre code de valeur partagé qui prend racine dans les attributs de ces poupées ».
De nouvelles Barbie
Trop blonde, trop maigre, ce symbole de clichés a vu ses ventes reculer de 15 % en 2015. Face à l’émergence de contre-Barbie, dont Lammily, affichant fièrement rondeurs et cellulite, Mattel réagit et entame la plus grande évolution de son égérie depuis sa création en 1959. Déjouant tous les codes de la figurine originale, le groupe lance sa collection « Barbie Fashionistas » composée de trois poupées aux morphologies variées: ronde, grande et petite. « Diversifier les modèles d’identification et les rendre plus cohérents avec la réalité favorise l’image qui va permettre aux petites filles de se construire », explique l’enseignant en psychologie avant de rajouter: « On ne leur apprend pas à jouer mais à être ». Un aspect dénoncé par des études montrant l’impact néfaste qu’a le mannequin sur la confiance et l’épanouissement des fillettes. Pour Laurence Sala, mère d’une petite Daphné de sept ans, « Barbie représente l’image de ce que son imaginaire conçoit de la femme ». Déplorant son manque de naturel, elle renchérit: « la poupée ne convient pas à ma fille. Elle la trouve trop insipide et cette représentation de la femme ne lui plait pas ».
Un besoin de diversité
Cette évolution traduit notre attachement à des produits reflétant les diversités qui subsistent dans notre société. « Le jouet est un reflet social, les différents groupes ont donc besoin de s’exprimer », rappelle T. Apostolidis. C’est en suivant le sillon de cette pensée qu’une blogueuse nigérienne a décidé de consacrer son compte Instagram à celle qu’elle a surnommé « Hijarbie ». Chaque jour elle y poste des photos de sa poupée voilée et ultra branchée. Ceci est une continuité logique pour le psychologue: « Les petites filles pratiquant l’Islam ne peuvent pas s’approprier ce type de jouet. Il doit être plus appropriable et en lien avec différentes cultures et pratiques ». À quand une Barbie handicapée ?
Célia Cazale